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De Moscou à Oulan-Bator en train

7 octobre 2012

Conclusion

Alors, que dire de cette expérience une fois de retour?

La première chose qui me vient à l'esprit est que ce voyage est loin d'être le dernier. Il a été la meilleure occasion de confirmer ce qui est en train de devenir une réelle passion.

On n'en revient pas totalement transformé, bien sûr, mais on remarque en soi (encore) plus d'aisance, de spontanéité, moins de préoccupations quant à l'avenir pour l'un, une façon de vivre plus dans le présent pour l'autre.

Ne jamais se mettre d'oeillères, apprendre, toujours, se confronter à des situations inattendues, ouvrir son esprit au contact de gens différents, c'est un but qui est définitivement ancré en soi désormais.

La prochaine destination? Dès que quelques mois de libre se profileront, rallier la Chine depuis la Turquie en traversant l'Asie Centrale, sur les pas des caravanes qui empruntaient jadis la Route de la Soie. Toujours en vivant/voyageant le plus possible auprès des habitants. Toujours en sacrifiant le confort au budget. Toujours avec le même enthousiasme. 

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2 octobre 2012

Vendredi 14 Septembre

La nuit aura duré deux heures, nous avons rejoint l'aéroport d'Oulan-Bator en taxi vers 5h pour décoller aux alentours de 7h, direction Moscou. La journée a été une sorte de très longue matinée, en débarquant finalement à Zurich après un transit à Moscou, il est 12h30, nous avons 6h de décalage horaire et sommes réveillés depuis plus de 15h. Il reste à prendre un train qui nous emmènera jusqu'à Mulhouse, et changer pour un train régional. Le voyage se termine dans un petit ter, entourés de jeunes pseudo-racailles dont les conversations nous donnent envie de repartir en courant dans les steppes que nous avont laissées derrière nous. "Déçus de partir, mais contents de rentrer", c'est l'état d'esprit qui nous aura habité toute la journée. 

2 octobre 2012

Jeudi 13 Septembre

La famille s'est attelée à la traite des chèvres vers 6h, nous sommes restés à somnoler encore une petite heure, profitant d'avoir la yourte pour nous seuls avant que Bude ne vienne nous faire comprendre quil était l'heure de partir: visiblement, il était aussi pressé que nous de quitter l'endroit!

A l'entrée du parc, on dirait que nous sommes les seuls sur lace, nous avons droit à la projection d'un film en français sur le parc et les chevaux de Przewalski: ancêtre du cheval moderne, l'espèce était considérée comme disparue dans la natue en 1970 et a été ré-introduite dans le parc qui compte aujourd'hui quelques 300 individus. Nous entrons dans le parc en jeep et roulons un bon moment, seuls, sans rien voir d'autre que des collines herbeuses jusqu'à ce que Bude s'arrête en désignant le sommet de l'une d'elles. Un troupeau de chevaux sauvages! Nous continuons à pied, jumelles et appareil photo en main pour immortaliser la "rencontre".

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D'autres jeeps sont passées plus tard sans avoir l'air de les remarquer, nous repartons vers Oulan-Bator, contents de nous être levés tôt, et croisons même encore des gazelles sur la route du retour.

L'escapade touche à sa fin, déjà apparaissent les cheminées fumantes, l'épaisse nappe de brouillard et l'urbanisation tentaculaire de la ville. C'est le retour à la "civilisation", le bruit, la poussière, les voitures bloquées dans des nids de poules de la taille de pneus de camions, les bouchons interminables font désespérement reculer l'arrivée chez Doljmaa.

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Soudain, Bude bifurque dans une petite rue, se gare, coupe le contact, nous dit "machina, no", puis "lunch?". Aucune envie de manger dans une gargotte en banlieue, je lui dit "Doljmaa?", il répond "noooo!", prend un air gêné puis s'en va. Nous restons ainsi vingt bonnes minutes à nous demander ce qui se trame, pourquoi nous sommes arrêtés ici, dans un quartier inconnu à moins de 10km de l'auberge, et quand il va revenir.

Lorsqu'enfin il réapparaît, c'est pour nous emmener 100m plus loin , se garer dans la cour d'une barre d'immeuble, rire devant mon air interrogatif, nous emmener à l'arrière d'une boutique-épicerie et nous faire signe de nous asseoir à une table avec d'autres gens. Quelques mots et gestes plus tard, (presque) tout s'éclaire: nous sommes chez son fils! Un bébé et une fillette de 2 ans dont il est le grand-père jouent autour de la table, on nous offre du thé, du pain, des oeufs brouillés et des gâteaux...

Nous rentrerons chez Doljmaa avec la voiture de son fils et le fin mot de l'histoire: à Oulan-Bator, pou réguler le traffic, des règles particulières ont été instaurées. Ainsi, le jeudi par exemple, les voitures dont l'immatriculation se termine en 9 (comme c'était le cas our la jeep) n'ont pas le droit de circuler. Un roulement quotidien permet d'harmoniser le flux des véhicules. 

A l'auberge, nous faisons la connaissance d'un couple de français avec qui le courant passe très bien, également sur la route d'un tour du monde depuis l'europe et en partance pour la Chine. Achat de souvenirs, dernier festin en ville, préparation des sacs, longues discussions dans le salon, ainsi s'achève notre dernière journée en Mongolie vers 1h30 du matin.

 

29 septembre 2012

Mercredi 12 Septembre

La mère est venue nous réveiller en allumant le feu et en ouvrant le toit de la yourte : le ciel est d’un bleu pur et l’air glacial s’engouffre dans le petit espace, heureusement que nous avions prévu le coup en dormant habillés ! Le restant de soupe de la veille réchauffé nous donne des forces pour affronter le froid dehors : c’est la première fois que je vois du givre si tôt dans l’année ! Avec la lumière matinale, l’endroit est splendide, les yacks et chevaux s’abreuvent au bord du petit lac qui reflète le soleil  au creux des collines, c’est encore une fois rageant de ne pas pouvoir prendre de photos. Nous aurons roulé environ 8h aujourd’hui pour rallier le parc national d’Hustai, proche d’Oulan-Bator.

A la pause déjeuner, la batterie a pu être rechargée dans une petite gargotte infestée de mouches, nous avons un peu fait la grimace en trouvant des poils dans les nouilles servies… 

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Les hébergements aux abords du parc sont très chers, d’autre sont complets, Bude décide de s’éloigner un peu, nous roulons donc un petit moment, littéralement au milieu de nulle part, il n’y a que des collines vertes, sans aucune trace de présence humaine. Finalement, on aperçoit au loin deux yourtes à côté d’un troupeau de chèvres et de moutons. Bude discute un petit moment avec la famille avant de nous faire signe de descendre.

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Nous recevons le traditionnel thé au lait et quelques beignets salés en compagnie de la mère et ses deux filles d’à peu près notre âge. Rapidement, nous comprenons que l'ambiance ne sera pas la même que la veille: elles ne font aucun effort pour discuter, c'est la première fois que je ne parviens pas à me faire comprendre en tentant de me présenter.

 

Les voyant s'affairer pour préparer le repas sans nous prêter attention, nous décidons d'aller nous promener sur les collines entourant la campement, admirant le coucher du soleil avec une bande originale sur les oreilles. 

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Une heure plus tard, nous apercevons les hommes de la famille rentrer pour le repas, et les rejoignons sous la yourte. Nous les regardons manger pendant quelques minutes avant de nous voir offrir une grande assiette de Khushur (beignets frits au mouton). Celui qui semble être le père parle fort et mâche bruyamment en découvrant une bouche édentée. Assis par terre, un coude posé au sol, il parle avec les autres en nous désignant parfois de la tête. La mère qui parle tout en engloutissant ses beignets, lâche régulièrement des rots à faire trembler les murs. Les deux autres hommes, (frères ou maris des deux filles, nous ne savons pas trop) ont la même allure un peu négligée -un doux euphémisme- du père, et tous nous regardent du coin de l'oeil sans nous adresser la parole.

 Bude qui d'habitude discute toujours avec les hôtes et maintenant assez silencieux. L'intérieur de la yourte, en dehors des traditionnelles photos de famille, n'est pas décoré des mêmes dentelles et fresques ornant les meubles que nous avons toujours pu admirer les jours précédents. 

 Amateurs d'immersion, nous sommes servis: après une semaine avec des familles plus accueillantes et chaleureuses les unes que les autres, nous voici chez les Bidochons mongols pour notre dernier soir! L'expérience est inédite, bien qu'un peu gênante sur le moment...

 Après le repas, nous les voyons s'affairer dans la yourte, soulever les matelas, fouiller les meubles, vider les tiroirs, tout en rafistolant une ampoule reliée à une batterie. Un peu plus tard, les voilà tous dehors, accrochant les ampoles et la lampe torche finalement retrouvée pour illuminer une peau de bête suspendue à un camion, le tout autour du troupeau de moutons. Maxime demande tant bien que mal ce qui se passe à Bude, et nous voilà éberlués d'apprendre qu'ils cherchent à éloigner le loup qui leur vole des moutons la nuit. Ce sera donc la seule nuit où je n'oserai pas sortir de la yourte avant le jour, guettant un bêlement plus alarmant qu'un autre au dehors.

 Nous sommes à six à l'intérieur cette nuit avec les parents et les deux filles, Bude est allé dormir dans la jeep (le lâche!), et nous sommes installés dans un lit double avec un vieux matelas à ressorts, plutôt confortable.

 

 

29 septembre 2012

Mardi 11 Septembre

« Restes au lit, je vais faire du feu » : après une bonne nuit récupératrice et alors qu’il fait froid dans la yourte et que l’on n’ose pas sortir des couvertures bien chaudes, je ne sais pas s’il est possible de s’entendre dire chose plus agréable de la part de son compagnon de voyage. Pendant que nous mangeons nos –désormais habituelles- bananes cuites avec le thé, Bude vient nous chercher pour que nous puissions assister à la traite des yacks.

Comme pour les chevaux, le petit est sorti de l’enclos et court vers sa mère, on le laisse téter une ou deux minutes, puis il est attaché et c’est la mère de famille qui prend le relais après avoir pris soin de lier ensemble les deux pattes arrière. La famille ne parle pas anglais, mais avec quelques mots clés « baby », « school », « student », j’arrive à expliquer quel âge nous avons, ce que nous faisons et comprendre qu’ils ont deux enfants de 10 et 15 qui sont à l’école durant la semaine. Nous les aidons à porter les seaux de lait jusqu’à leur yourte et sommes invités à un « petit » goûter : thé au lait, airag, beurre et yaourt de yack qui nous calerons pour un bout de temps.

A ce moment, la batterie de l’appareil photo est vide : nous n’aurons pas l’occasion de la recharger avant le lendemain soir et vu la beauté de l’endroit, c’est une grosse frustation.

Je m’installe pour écrire près du ruisseau, entourée de collines vertes éclairées par la lumière matinale et suis interrompue par un grondement sourd : un troupeau de chevaux arrive en galopant, rassemblés pour la traite par un cavalier qui pousse des cris aigus, une longue perche en bois à la main. Comme tous ceux que nous avons rencontrés jusqu’ici, il porte le costume traditionnel, et je me dis qu’il ne manque qu’une armure pour avoir devant soi l’image des cavaliers mongols rassemblés par milliers à la conquête du continent il y a des siècles.

En rentrant d’une balade dans les collines, nous assistons à la fin de la traite, essayant sans grand succès de sympathiser avec les poulains. Nous recevons une soupe aux nouilles et au mouton pour le repas, laissons une carte postale avec un « merci » au moment des adieux, puis remontons dans la jeep.

Les trois heures de route d’aujourd‘hui méritent amplement la médaille des chemins les plus accidentés : blocs rocheux, sentiers en pente, nids de poule monstrueux et un bon nombre de franchissement de rivières, où la profondeur est telle que le chauffeur doit enclencher le mode quatre roues motrices pour réussir à traverser. Côté paysages, nous sommes dans un état de fascination permanente : chaque nouvelle colline franchie nous ouvre la vue sur des dizaines de kilomètres de plaines vierges de toute trace humaine, où paissent des moutons et des yacks qui fuient sur notre passage (en bondissant sur le côté comme des crabes), courent de petites marmottes et volent des aigles. Ici, tout est dix fois plus grand que ce que nous avons l’habitude de voir en France et l’impression d’être seuls au monde est saisissante.

Au détour de quelques montagnes apparaît après tout ce vide une curieuse petite localité construite près d’une source d’eau chaude où des camps de touristes se sont développés pour exploiter les possibilités de bains et spas. Bude nous dépose devant l’un deux où nous restons un quart d’heure dans un bain d’eau trop chaude pour pouvoir en profiter plus longtemps. C’est la fin de la saison touristique, nous sommes les seuls (avec le personnel d’entretien) et savourons la première vraie douche chaude depuis Listvianka il y a plus d’une semaine.

Propres, détendus, nous remontons dans la jeep en quête d’un toit en feutre pour la nuit. Bude roule, s’arrête devant des yourtes, demande aux gens leur tarif pour la nuit, repart, s’arrête à nouveau, nous tournons ainsi pendant une bonne demi-heure avant de trouver notre bonheur au bord d’un petit lac isolé entre quelques monts. Comme ce matin, nous nous retrouvons dans l'un des plus beaux endroits que nous ayions vu jusqu'à présent, sans pouvoir l'immortaliser.

La famille nous accueille dans leur yourte avec de l’airag, du thé au lait et des biscuits très durs à base de lait caillé au goût acide assez surprenant, adouci par une bonne couche de beurre de yack. Le mélange est inédit mais pas désagréable, nous en reprendrons plusieurs fois. Pendant que la mère prépare une soupe de mouton avec du riz et des patates, nous discutons autant que le permettent les gestes et le vocabulaire limité. Elle a 37 ans et trois enfants de 15, 10 et 3 ans. Le petit dernier est adorable, constamment blotti contre elle à nous regarder entre curiosité et appréhension. Même si la conversation est limitée, on se sent vraiment bienvenus par la sympathie qu’ils dégagent.

Jusqu’à présent, nous avions toujours été installés dans une yourte séparée, cette fois nous dormons à deux dans un lit simple, avec notre chauffeur assoupi un peu plus loin. Le confort n’est pas le même, mais c’est une chance d’être réellement « en immersion » au sein de la famille.

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29 septembre 2012

Lundi 10 Septembre

En ouvrant les yeux, l’angoisse d’une nouvelle journée de pluie s’estompe rapidement : il fait nuageux, mais pas plus. Les chevaux sont attachés devant la yourte, et quelques minutes plus tard nous partons, Maxime moi et le père de l’autre côté de la vallée, vers les montagnes dénudées et illuminées par la clarté des nuages. Les montures sont très calmes, il faut vraiment insister pour qu’elles trottent. Le paysage est grandiose avec les troupeaux paissant dans l’herbe vert-jaune et la rivière serpentant à travers la vallée ponctuée de rochers volcaniques.

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Nous posons le pied à terre à l’entrée d’une yourte, notre guide attache les chevaux ensemble et nous fait signe d’entrer : c’est visiblement l’heure de l’apéro chez les voisins (voisins qui habitent quand même à un ou deux kilomètres). Ils lui servent un grand bol d’airag qu’il termine en moins de deux minutes, nous en recevons deux petites tasses, assez reconnaissants de ne pas avoir à en ingurgiter plus. Nous le sirotons du bout des lèves en essayant d’éviter les particules noires et les morceaux de lait caillé jaunâtre flottant à la surface.

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Une fois à nouveau en selle, on le sent bien remuer dans l’estomac… Nous arrivons jusqu’à une magnifique cascade surplombant des arbres aux feuilles jaunissantes, auxquels sont noués des écharpes aux couleurs vives. Du haut d’un rocher, il entonne un chant de gorge comme nous avons pu en entendre sur les cassettes audio de Bude dans la jeep, on se peut que se taire et savourer l’instant par tous les sens.

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Sur le retour, les chevaux, à force de coups de la ière et de « tchou ! tchou ! » répétés, partent enfin au galop : le bruit des sabots sur l’herbe, le vent froid dans les oreilles, le paysage qui défile, tout n’est qu’euphorie pendant un moment. En arrivant, je demande à galoper encore un peu avant de descendre, déjà pressée d’avoir l’occasion d’en refaire. Au moment du départ, nous laissons une carte postale avec un « merci » en trois langues à la famille.

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Il y aura environ deux heures de route à travers des chemins escarpés et rocailleux dans les montagnes, jusqu’à ce que Bude s’arrête en bas d’une colline et nous dise « go ! » en désignant le somment qu’on ne distingue pas à cause des arbres. Nous voilà donc lancés sur un chemin boueux parmi les pins, sans trop savoir quelle est notre destination. De temps en temps, nous apercevons des écharpes de soie bleue nouées aux arbres, des écriteaux « 2km » puis « 1.5km » qui nous rassurent sur l’itinéraire et des lièvres gris curieusement pas du tout effrayés par notre paysage.

Finalement la montée en valait la peine, malgré la neige qui tombe à cette hauteur : le lieu est un monastère construit au 17ème siècle sur un ensemble de roches, composé de plusieurs petits temples bouddhistes et dédié à la méditation et à la contemplation. On comprend facilement pourquoi : depuis l’endroit, la vue porte sur au moins 300km à travers les montagnes, il y a de quoi en rester sans voix durant des heures.

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Pas assez équipés contre le froid nous resterons plutôt quelques minutes avant que le vent glacial nous chasse vers la vallée, d’où nous rejoignons un petit ensemble de yourtes assez proche. La mère de famille nous accueille avec du thé au lait et nous emmène à notre yourte.

Fatigués et frissonnants, c’est un vrai bonheur de découvrir un intérieur charmant avec des fauteuils, un grand lit ornée d’une couverture en soie rose brodée, éclairé par l’ouverture sur le dessus de la yourte, et un bon feu crépitant dans le poêle. Nous aurons goûté ici aux meilleurs Buuz (raviolis) du voyage, ainsi qu’à du yaourt au lait de yack à l’acidité adoucie par une pomme coupée en quartier dedans. La balade à cheval le matin, le froid et la visite au monastère nous ont trop épuisés pour faire autre chose que d’aller directement au lit après le repas…

29 septembre 2012

Dimanche 9 Septembre

Pour la première fois depuis notre départ de l’Ile d’Olkhon, le temps est maussade. Bien au chaud sous les quatre couches de couvertures, il faut s’armer de courage pour en sortir et aller se débarbouiller dans la rivière à quelques 50 mètres de là.

En fin de matinée, nous devons écourter notre petite randonnée en forêt parmi les moutons pour ne pas être trop trempés.

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Le reste de la journée a été un réel dimanche : la pluie nous a retenus à l’intérieur de la yourte entre sieste, lecture, thé et discussions.

Sous la yourte, les activités que l’on pensent toujours basiques comme la toilette ou le repas sont en fait l’essentiel des préoccupations : arriver à entretenir le feu pour chauffer à manger, prévoir les rations en fonction des jours suivants, faire bouillir l’eau avant de la boire, prendre son courage à deux mains au réveil pour se laver dans l’eau glacée de la rivière par temps froid et venteux pour finalement se rendre compte de l'impossiblité de l'acte, se rabattre sur un bol d’eau chauffée au poêle et se limiter aux parties du corps « stratégiques ». Tout prend plus de temps, mais ce retour aux bases nous fait beaucoup de bien.

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 De temps en temps, la mère est venue nous apporter du bois pour alimenter le feu, ainsi qu’une soupe au mouton le soir. Plusieurs fois aussi, nous avons eu la visite du père, un grand homme jovial aux grands gestes expressifs qui nous a apporté de grandes bassines de bois pour en bourrer le poêle en riant et chantant. La seule chose que nous comprenons de son flot de paroles en Mongol est « tomorrow, horse riding » avec une belle imitation en prime !

29 septembre 2012

Samedi 8 Septembre

Il fait frais et brumeux ce matin mais la yourte a l’air bien isolée. Nous repartons sur les coups de 9h, direction la vallée de l’Orkhon. Les mots manquent pour décrire la beauté des paysages traversés, « à perte de vue »est peut-être l’expression la plus appropriée.

Bude nous dit « moudzé » en désignant un immense et magnifique temple, mais un peu trop touristique à notre goût : ayant fait le plein de "moudzés" à Oulan-Bator, nous lui faisons comprendre que nous préférons marcher dans la nature.

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Un quart d'heure de route plus tard, nous arrivons en bas d'une colline. Il s'arrête, coupe le contact, et nous dit "gooo!" en nous faisant comprendre que nous avons une heure pour une balade. Cool! Nous voilà au milieu de vaches dans un décor digne d'une publicité Milka: le est ciel si bleu et l'herbe si verte que les vaches se détachant sur le décor semblent irréelles.

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Au sommet d'une colline, un Ovöö, tas de pierre surmontés d'un assemblage d'écharpes nouées, dédié à la prière. Il est d'usage, lorsqu'on en trouve un sur son chemin d'en faire le tour plusieurs fois par la gauche pour attirer la chance et la sécurité sur soi. (ca vous rappelle Tintin au Tibet? Nous aussi!) 

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Deux beignets frits dans une petite cantine au bord de la route nous convainquent de manger moins les prochaines fois. La même cantine nous donne l’occasion de tester les pires toilettes du monde, sans aucune exagération : au fond d’une cour, derrière une citerne rouillée, pas de porte, trois trous  côte à côte sur des planches en bois moisi, surplombant d’à peine un mètre un amas infâme et odorant de déjections dans lesquelles grouillent des asticot par milliers, sans oublier le bourdonnement des innombrables mouches en fond sonore.

Nous aurons roulé de longues heures avant d’arriver, j’ai essayé de dormir, mais impossible de fermer les yeux, tant ce qu’on voit ici incite à les garder ouverts : des steppes vertes immenses dans lesquelles galopent des troupeaux de chevaux, des bergers rassemblant leurs moutons à cheval, des chiens courant devant la voiture, des rais de lumière sur les montagnes vierges d’arbres, des rivières serpentant au milieu des vallée, quelques bouleaux ça et là, des yacks venant s’abreuver et toujours les mêmes yourtes blanches disséminées au milieu du vert des prairies.

Nous empruntons des routes chaotiques, traversant des rivières, franchissant des buttes, ralentissant près des rochers pour finalement arriver dans un très bel endroit où nous rencontrons une nouvelle famille d’hôtes : une fille de mon âge visiblement sur le point d’accoucher et sa mère nous accueillent avec du thé au lait et de grands beignets fourrés au foie de mouton. Il est 17h et vu la richesse (et les gouttes de graisse tombant dans l’assiette) du plat, nous ne mangerons rien d’autre que des fruits ce soir. La jeune fille, Amda, parle un peu anglais, elle vient tout juste de terminer ses études et aura son bébé ce mois-ci.

Avant que le soleil ne se couche, nous partons pour une petite balade le long de la rivière où nous profitons de pouvoir nous laver un peu et grignoter quelques pignons de pin qu'il nous reste de Listvianka. Nous nous asseyons aussi un moment parmi les chèvres et moutons de la famille et devons repousser deux grands chiens joueurs, mais un peu trop baveux.

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Après un bon thé, nous voyons arriver la mère avec du bois pour le poêle, elle nous installe des lits avec plusieurs couches de couvertures, allume une bougie et nous souhaite une bonne nuit.

J’écris ces lignes à la lueur de la petite flamme, chauffée par le poêle qu’il faudra alimenter, savourant ce moment de totale déconnexion avec le monde auquel je suis habituée. Le toit de la yourte n’est pas tout à fait fermé pour laisser passer la cheminée et il manque une dizaine de centimètre de mur en feutre sur le bas pour isoler l’ensemble de l’extérieur, la nuit promet d'être fraîche une fois le feu éteint. 

27 septembre 2012

Vendredi 7 Septembre

C’est aujourd’hui que nous partons pour l’intérieur de la Mongolie. Notre chauffeur, Bude, arrive vers 9h et Doljmaa lui explique l’itinéraire pendant que nous faisons nos adieux à Max et Nastya, regrettant de ne pas pouvoir les accompagner jusqu’en Thaïlande.

Nous chargeons les affaires dans la jeep et démarrons. C’est l’occasion de voir l’incroyable fouillis de la circulation à Oulan-Bator sous un angle différent, pas plus rassurant : les voitures doublent n’importe comment, évitent souvent une collision de justesse, les piétons courent devant le capot…

Peu à peu, le trafic se dilue, les habitations s’espacent, la fumée se dissipe, apparaissent alors les steppes et collines vertes attendues depuis notre arrivée. Bude ne parle pas un mot d’anglais, ce qui limite les échanges, mais semble très sympathique. Il met de la musique traditionnelle mongole, du Khöömi, un chant traditionnel mêlant sifflements et sons de gorge, qui se marie admirablement avec le paysage défilant sous nos yeux.

Pour ceux qui seraient intéressés par la découverte de ce chant étrange et spectaculaire: http://www.youtube.com/watch?v=ubNvOM_8IfM&feature=fvwrel

Nous croisons des troupeaux de moutons, de vaches, de chevaux et même de chameaux. Les prairies vertes laissent au bout d’un moment la place à un paysage plus désertique et rocailleux et deux ou trois kilomètres à travers une piste de sable, nous voici arrivés à notre première destination, en milieu d’après-midi. Il y a une petite maison et cinq yourtes, un troupeau de chevaux quelques mètres plus loin.

La famille qui nous hébergera est en train de traire les juments, nous allons à leur rencontre, même s’ils semblent assez occupés. Une vieille femme nous salue, un seau de lait à la main ; je l’aide à le porter jusqu’à un petit tonneau.

Plus tard, une autre jeep arrive et en sortent un couple de Zurichois et leur guide germanophone : nous aurons donc une interprète pour ce soir !

La vieille femme et son mari nous font signe d’entrer dans leur yourte : on nous sert du thé au lait, un fromage dur comme de la pierre, sans goût particulier et une sorte de bonbon orange à base de lait caillé. C’est aussi l’occasion de goûter pour la première fois à l’airag, le lait de jument fermenté, boisson nationale mongole. C’est acide et pétillant, un peu comme du cidre au goût de lait caillé, nous n’en abusons pas, par crainte pour les instestins…

On nous montre la yourte où nous passerons la nuit, nous déchargeons les sacs et partons pour une balade vers les montagnes rocailleuses que l’on aperçoit à quelques kilomètres de là. L’endroit est si beau qu’il semble tout droit sorti d’une carte postale. Le sol est sec, les montagnes se détachent nettement sur le ciel d’un bleu pur, le soleil cogne fort.

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Du haut de la première colline, il y a une vue superbe sur les environs, avec des dunes de sable plus loin. Nous y restons un bout de temps, sans prononcer un mot, sans penser à rien, il n'y a pas grand chose à faire d'autre que s'adonner à la pure et simple contemplation face à ce qui s'offre à nous.

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Sur le chemin du retour, une jeep que l’on a vue tourner un petit moment s’arrête à notre hauteur : c’est Bude qui est venu nous chercher ! Embêtés à l’idée qu’il s’inquiète sans raison et surtout pour ne pas se faire chercher à chaque promenade, nous demandons à la guide de lui expliquer ce qu’il en est.

Après le dîner (nouilles au mouton), nous jouons au ballon avec les fillettes de la famille, il faut à plusieurs reprises chasser les chameaux qui viennent s’abreuver dans l’eau des tonneaux.

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Je suis un peu sceptique en voyant la touriste suisse photographier sans demander la permission à l’intérieur de la maison, on n’est pas au zoo…

Nous jouerons jusqu’à ce qu’il fasse trop noir pour bien discerner le ballon, nos hôtes viennent nous souhaiter bonne nuit et nous nous enroulons dans les sacs de couchage en espérant ne pas avoir froid.

27 septembre 2012

Jeudi 6 Septembre

Malgré la fatigue, nous avons tous réussi à nous lever tôt pour les cérémonies du monastère Gangh Kiid.

Dans la cour intérieure, le nombre de pigeons est impressionnant, des gens vendent des sachets de graines, une gamine fend la multitude en courant, fait s’envoler des myriades d’oiseaux qui retombent lascivement quelques mètres plus loin, le ballet se répète incessamment.

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Dans les salles de prière, les moines drapés de tissus aux couleurs vives jaune et rouge récitent des mantras sur un ton monocorde en se balançant d’avant en arrière. La multitude de leurs psalmodies donne une atmosphère sonore toute particulière au lieu.

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En rentrant à l’auberge, nous discutons avec Doljmaa pour partir le lendemain en jeep en Mongolie Centrale. Nos amis doivent réserver les billets pour leur prochain trajet jusqu’à PéKin, le stop étant trop difficile ici, nous les accompagnons au bureau central de réservation de la gare.

Dans toute ville, le quartier de la gare renferme le pire, mais ce phénomène est décuplé à Oulan-Bator : aux bars délabrés succèdent des hôtels miteux bordés de prostituées, la route ressemble à un champ de bataille, des vendeurs de fruits et légumes attendent, assis sur les dalles du trottoir, ici un groupe de vieux alcooliques qui parlent bruyamment,  là un homme renifle puis crache un énorme glaviot, plus loin une femme tente de se faire vomir sous arbre. Le tour à la campagne va nous faire beaucoup de bien!

Nous passons une dernière soirée en compagnie de nos amis ukrainiens, et préparons les sacs pour pouvoir partir le plus tôt possible le lendemain.

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De Moscou à Oulan-Bator en train
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